Copie d'un article paru dans Scuba-people.com le Mag
n°33
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Si certains tirent de leur bloc à moitié plein à la remontée une gloriole un peu vaine, il est vrai que consommer peu
est un avantage : cela permet surtout de prolonger le plaisir de la plongée, mais aussi d’assurer côté sécurité, sans crainte de la panne d’air. Voici quelques conseils pour quitter le camp des
pompeurs.
UNE CONTRAINTE PHYSIOLOGIQUE
A la base, nous ne sommes pas tous égaux. Et notre volume
pulmonaire conditionne directement notre consommation. Chez un individu adulte, la quantité d’air nécessaire à chaque inspiration peut facilement varier du simple au double, voire plus. Certains
petits poumons dépassent à peine les 3 litres, d’autres atteignent allègrement les 8 : et contre ça, vous ne pouvez rien. Par ailleurs, certains avancent le fait que les femmes, dont la masse
graisseuse serait (en théorie en tout cas...) plus importante, consommeraient moins parce qu’elles doivent alimenter du gras et non des muscles, plus gourmands… Mais ceci étant posé, à volume
pulmonaire égal, et pour des plongeurs du même sexe, tous ne consomment pas la même chose. Et chacun d’entre nous, selon son état de forme, son comportement sous l’eau, peut voir sa consommation
varier selon les jours de façon spectaculaire.
PLONGER « NO STRESS »
Stress, fatigue, mauvaise forme générale, sont autant de facteurs qui vont contribuer à vous faire consommer beaucoup d’air. On ne le dira jamais assez, on plonge si on a envie de plonger, et pas pour rentabiliser à tout prix son week-end ou sa
croisière ! Prenez aussi le temps de vous équiper tranquillement, pas en panique en cherchant partout votre masque parce que les autres sont déjà à l’eau. Et prenez le temps de vous calmer aussi
avant de descendre. Enfin, ne faites pas de votre consommation, même si de retour en surface quelques fanfarons se jettent sur vous pour vérifier « combien vous avez pompé », une obsession : le
simple fait d’avoir peur de trop consommer risque de vous faire trop consommer !
ECONOMISER SES MOUVEMENTS
Une fois au fond, soyez lent ! Inutile de palmer
comme un fou, économisez au maximum votre énergie : moins vous palmerez et moins vous consommerez. Préférez l’amplitude et la souplesse, laissez vous glisser dans l’eau. Et si vous plongez avec
des accros à la distance parcourue, obligez les à vous attendre, traînez. Evitez, dans le même sens, de lutter contre les éléments, en essayant désespérément par exemple d’aller à contre-courant.
Tout effort se paye cash en terme de consommation.
AVOIR UN MATÉRIEL ADAPTÉ
Le matériel compte aussi. En premier lieu, c’est le choix du vêtement qui est important : si vous avez froid, vous allez très vite surconsommer, puisque votre organisme devra dépenser beaucoup
d’énergie pour se maintenir à température. Il faut donc absolument prévoir une combinaison adaptée aux conditions, mais aussi à votre morphologie. Le réglage de votre détendeur peut également
vous faire gagner de précieuses minutes de plongée. Il doit être le plus souple possible, afin que vous n’ayez pas d’effort à fournir à l’inspiration. De façon générale, vous devez aussi être le
plus hydrodynamique possible : les photographes par exemple, qui doivent traîner de gros caissons et des flashs montés sur des bras articulés, partent forcément avec un handicap.
ATTENTION AU LESTAGE
Si vous êtes trop lesté, vous allez consommer beaucoup d’air, souvent bien plus que vos compagnons de plongée bien équilibrés, et il faudra à cause de vous écourter la ballade. D’une part, vous aurez à fournir pour vous déplacer de gros efforts,
consommateurs d’air ; d’autre part, vous passerez la plongée à gonfler votre stab, puis à la vider parce que vous commencez à remonter dangereusement, et ainsi de suite. Idem si vous n’êtes pas
assez lesté, puisque là encore vous aurez à fournir des efforts considérables pour vous maintenir à la bonne profondeur.
APPRENDRE À MIEUX RESPIRER
Il vous faut aussi apprendre à respirer. Et là encore, calme et décontraction doivent être les maîtres mots : une inspiration lente suivie d’une expiration profonde mais tranquille, avec
éventuellement deux petites secondes de retenue entre deux cycles. Attention, il ne s’agit pas d’essayer de faire des apnées pour économiser son air, ce serait à la fois dangereux et inutile
puisque vous vous rattraperiez immanquablement à l’inspiration suivante. Le but, comme avec le palmage, est de privilégier l’amplitude et le calme.
UTILISER LE POUMON-BALLAST
Dites vous que vous fonctionnez exactement comme un petit
sous-marin : chassez l’air et videz les ballasts, vous coulez, remplissez les ballasts et vous remontez tranquillement. C’est ce que l’on appelle le poumon-ballast, base absolue de la plongée. Et
ce n’est qu’en maîtrisant parfaitement cette technique, en sachant inspirer mais surtout expirer correctement, que vous pourrez acquérir une aisance parfaite. Et vous verrez que très vite,
simplement en remplissant et en vidant vos poumons, vous serez capable de monter et descendre sans faire un mouvement : vous n’aurez donc ni à palmer, ni à gaspiller votre air en remplissant et
vidant votre stab sans arrêt.
ET NE PAS GASPILLER INUTILEMENT
Enfin, faites la chasse aux petits gaspillages qui « bouffent » à chaque fois quelques litres, et mis bout à bout ont leur importance : par exemple, si vous attendez en surface le reste de la
palanquée, évitez de respirer sur votre détendeu (NDLR:sauf en cas de mer formée). Evitez aussi de faire joujou avec votre stab en permanence si cela n’est pas nécessaire.
EN CONCLUSION
A priori, plus vous plongerez régulièrement et moins vous consommerez, même si certains sont toute leur vie plus gourmands que les autres malgré une pratique très régulière. Calme et « zénitude »
sont les seules bonnes solutions, ce que l’on pourrait aussi tout simplement appeler l’aquaticité. Et si vous êtes plutôt un gros consommateur, privilégiez les plongées à faible profondeur
pour en profiter pleinement : mieux vaut remonter « rassasié » d’une longue plongée à 20 mètres qu’un peu frustré, bouteille vide, d’une incursion à 40 !
Texte : Isabelle Croizeau
Photos : Alexis Rosenfeld
NDLR
La diminution de votre consommation en air ne doit pas devenir une obsession. Consommez ce dont vous avez besoin, c'est la "chasse au gaspi" telle que décrite dans l'article qui, avec l'expérience, permet d'optimiser sa
consommation.