Lors de plongées un peu plus profondes que la moyenne (entre 40 et 60m), il n'est pas rare d'entendre, au retour sur le
bateau : "Ca aurait sûrement été plus sympa au trimix". Qu'est ce que c'est que ce trimix ?
Pour lever un peu le voile sur ce mélange gazeux et ses avantages/inconvénients, je vous livre la copie d'un article paru sur Scuba-People Le MAG n° 46.
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Trimix,
Trimix normoxique, Triox, Trimix hypoxique, Hélitrox… au secours !!! Je sais pas vous, mais moi je n’y comprends rien… En plus, dès que je pense trimix, j’ai immédiatement en tête l’image d’un
barbu taillé comme une montagne qui traîne sur son dos 3, 4, 5… blocs… rien qu’à y penser, j’ai les genoux qui tremblent et je me dis que j’aime la plongée à l’air pour sa simplicité de mise en
œuvre et pour sa « légèreté ». Et pourtant, de plus en plus de plongeurs et même de plongeuses s’y mettent. Je suis donc parti à la rencontre de nos cousins qui bullent à l’hélium histoire de
tenter d’y voir plus clair.
C’EST QUOI LE TRIMIX ?
Comme son nom l'indique le TRIMIX est la combinaison de 3 gaz. Ces 3 gaz sont l'oxygène, l’azote et l'hélium. L’objectif de
ce mélange est d'avoir une combinaison d'oxygène et d'azote la plus adaptée à la profondeur que vous souhaitez atteindre. C’est le principe de la profondeur équivalente, dans le même esprit que la
plongée en altitude.
INTERETS DU TRIMIX
Trois paramètres physiologiques limitent la profondeur d'une plongée : la PpO2 pour l'hyperoxie, la PpN2 pour la narcose,
et la viscosité des gaz pour l’essoufflement. L'air que nous respirons est composé de 20,9% d'oxygène, 79,1% d'azote et 0,033% de gaz carbonique, plus quelques traces de gaz rares. Les pressions
partielles de chacun de ces gaz évoluent en fonction de la profondeur et atteignent des seuils de toxicité plus ou moins rapidement. En modifiant les pourcentages de ces gaz, on peut obtenir un
seuil de toxicité plus bas. Ainsi, comme vous le savez, l'oxygène est toxique à partir d'une pression de 1,6 atm, atteinte à -60 m. Pour descendre plus profond il faut donc diminuer le
pourcentage d'oxygène présent dans le mélange respiré. Toutefois, la diminution du pourcentage d'oxygène impose une augmentation du pourcentage d'azote, et donc un risque de narcose à l'azote
plus important, à moins de faire appel à un troisième gaz : l’hélium.
L’ HELIUM ?
L’astronome Français Jules JANSSEN remarque le 18 août 1868 une raie inconnue dans l'atmosphère solaire : c'est celle de
l'hélium. Le nom « hélium » (du grec hélios : Soleil) fut proposé peu de temps après. C’est le deuxième élément le plus présent dans l’univers après l’hydrogène (25% d’hélium pour 73%
d’hydrogène). Il est en grande partie extrait du gaz naturel. En 2005, environ 160 millions de m3 d'hélium ont été extraits du gaz naturel, ou puisés dans les réserves, pour environ 83 % aux
États-Unis, 11 % en Algérie et le reste principalement en Russie et en Pologne.
Inodore, incolore, sans saveur, l’hélium est indétectable sans instruments. Il est très léger puisqu’il est 7 fois moins
dense que l’air. Il est en plus quasiment non narcosant et offre l’avantage supplémentaire d’être non inflammable. Il est également très peu soluble (4 fois moins que l’azote dans les graisses).
Par contre, pur, il est asphyxiant, est très diffusible (2.65 fois plus que l’azote) et offre une conductivité thermique 6 fois plus élevée que l’air, ce qui crée un refroidissement bien plus
rapide.
La vitesse de propagation du son est également modifiée puisque le son circule à 960m/sec dans l’hélium contre 330 m/sec
dans l’air. Créant le fameux effet « Donald Duck » qui élève la fréquence de résonance des cordes vocales dans le pharynx rempli d’hélium.
TRIMIX ET ESSOUFLEMENT
Dès les premiers signes d’essoufflement, la consigne est toujours de remonter de quelques mètres. La densité des gaz
diminue avec la pression. L’air est 7 fois plus dense à 60 mètres de profondeur qu’en surface. Cela demande un effort à nos poumons qui n’ont pas été « prévus » pour le travail que représente une
telle densité. Le moindre effort mènera le plongeur à un essoufflement. Avec un poids moléculaire de 4 contre 32 pour l'oxygène et 28 pour l'azote, l'hélium rendra le mélange Trimix beaucoup plus
facile à respirer.
TRIMIX ET NARCOSE
En ajoutant de l'hélium (He) dans un le mélange, on diminue proportionnellement la quantité d'azote (N2), l'hélium ne
provoquant pas d'ivresse, il sera possible de plonger plus profond et ainsi de repousser les effets de la narcose à l'azote.
TRIMIX ET TOXICITE O2
L'oxygène en trop grande quantité est toxique, la quantité est donnée par la Po2 (Pression partielle de l'O2) et la Po2
augmente avec la profondeur. En plongée on admet généralement une Po2 max. de 1.6bar (voire 1.4bar) ce qui fait respectivement pour l'air une limite de 66m (56m avec 1.4). En réalité cela dépend
de nombreux facteurs et surtout de la durée d'exposition. En rajoutant de l'hélium dans le mélange respiratoire on diminue aussi le % d'oxygène, ce qui permet de plonger plus profond sans risquer
l'hyperoxie (trop d'O2). Un mélange contenant 18% d'O2 aura une limite de profondeur de 78m à 1.6bar ou 67m à 1.4bar.
TRIMIX ET DECOMPRESSION
Le problème est que l'hélium rallonge de manière importante la décompression. Pour contourner ce problème, le plongeur
utilisera des mélanges Nitrox/O2 pour sa déco.
TRIMIX LEGER VS TRIMIX LOURD
- Le TRIMIX
LEGER (TRIMIX NORMOXIQUE) se déroule la plupart du temps avec un bloc 15 litres contenant le mélange TRIMIX ainsi qu’un bloc de déco de 7 litres composé d’un NITROX. La plongée
se déroule entre 40 et 60 mètres. Le mélange respiratoire est constitué d’hélium et d’azote, ainsi que d’oxygène, entre 18 % et 21 %. Il est respirable en surface et utilisé pour des plongées
entre 40 et 70 m. Votre ordinateur de plongée convient à cette pratique.
- Le TRIMIX
LOURD (TRIMIX HYPOXIQUE) s’adresse à un plongeur qui souhaite descendre au-delà des 70 mètres. La configuration matérielle est beaucoup plus complexe… Bi-bouteilles et un
chapelet de blocs de déco sont alors nécessaires. Dans ce cas, le mélange respiratoire contient de l’hélium et de l’azote ainsi qu'une teneur en oxygène inférieure à 18 %. Irrespirable en surface
et utilisé pour des plongées en dessous de 70 m. Vous devez posséder un ordinateur TRIMIX.
L’AVIS D’UN FORMATEUR TRIMIX : DIDIER MARTINEZ
Le centre de Didier, l’AVENTURE
SOUS-MARINE, est situé sur le port de Saint Raphaël. Il est équipé d’une station de gonflage TRIMIX et propose des formations en tandem avecEvelyne
VERDIER. D’après lui, le TRIMIX souffre d’une erreur de positionnement : « A chaque fois que l’on présente des images, on montre toujours des plongeurs TRIMIX HYPOXIQUE appelé également
TRIMIX LOURD. Certes, ils rendent cette pratique médiatique mais elle reste l’apanage d’une petite communauté de plongeurs engagés qui partent à la découverte de profondeurs inexplorées. Cette
image d’aventurier profond fascine mais éloigne le plongeur « traditionnel ». Peu de plongeurs connaissent les formations TRIMIX et notamment celle du TRIMIX ELEMENTAIRE qui permet à tout niveau
3 étant NITROX CONFIRME de plonger jusqu’à 70 mètres de profondeur en toute sécurité.
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Quelques infos supplémentaires
* La qualification "Trimix léger" (PTH70 pour le Code du Sport) permet des plongées jusqu'à 70m. Il faut être plongeur P3
et avoir la qualification Nitrox Confirmé pour s'y présenter.
* Le coût de gonflage n'est pas négligeable
Exemple pour un 12 litres gonflé à 200b avec
Air = 4 à 5€
Nx32 = 11€ env.
Tx15/40 = 29€